quitteras donc plus pour courir ainsi les champs ! Ah ! que les hivers me paraissaient longs, seule dans notre maison sur la montagne ! Nous serons quatre à présent, et nous achèterons la chaumière, le pré et les châtaigniers de la mère Maraude.
« — Et le poirier ? dit Geneviève en badinant.
« — Oh ! c’est vrai, répondit Luce, je n’y pensais pas ; je l’avais vendu pour cet enfant, et voilà que cet enfant me le rend avec la cour, la maison et le champ qui étaient sous ses branches.
« — C’est ainsi que fait le bon Dieu, reprit Geneviève, il vous prend une poire, et il vous rend un panier. Ah ! vous me ferez voir l’arbre, n’est-ce pas, Luce ? et j’irai m’asseoir au pied pendant l’été en filant ma quenouille et en gardant vos bêtes, ça me fera penser à Josette. »
Tout fut fait comme il avait été dit dans cette rencontre.
Jean guérit, Geneviève quitta l’hospice provisoire de Valneige, où on envoya une sœur hospitalière à sa place. La pauvre servante suivit Luce, son mari et l’enfant à la montagne, où elle file encore au pied du poirier, où je la revois tous les ans quand la chasse me ramène aux montagnes.