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4 HISTOIRE DE LA RUSSIE.

esprit sincère et lucide qui ne se satisfait pas de paroles, mais qui veut marcher à la lumière vraie sur un terrain solide, on finit par abandonner ces poëtes des ténèbres qu’on appelle les érudits, et par dire humblement le mot du vulgaire, qui est aussi le mot des philosophes, j’ignore.

Ces réflexions sont la conclusion des lectures auxquelles nous nous sommes condamné pour retrouver, à travers les peuplades innombrables qu’on prétend émigrées de la haute Tartarie, celle à qui appartient véritablement le grand peuple russe, et pour distinguer cette peuplade de cette vaste tribu des Scythes, nom générique donné dans l’antiquité aux peuples presque fabuleux du nord de l’Europe et de l’Asie.

Il y a un peuple cimmérien, dit Homère, ce devin de l’histoire, il y a une ville appelée Cimmérion, couverte d’éternels nuages et de brouillards épais ; jamais le soleil n’éclaire cette triste contrée où règne sans cesse une nuit profonde. »

C’est de ces nuages, de ces brouillards, de cette obscurité que la mer Noire a pris son nom. l’expédition navale des Argonautes, chantée par un Orphée qui était à la fois matelot et poëte du fameux navire, découvrit aux Grecs le passage des Dardanelles, la mer Propontide aujourd’hui mer de Marmara, le Bosphore et l’ouverture de la mer Noire ou Pont-Euxin dont il côtoya les rivages. La douceur et la sérénité de caractère des Scythes qui habitaient ces contrées, où l’âme est froide comme la