Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
ACTE II, SCÈNE II
Il me faut dépouiller tout sentiment humain,
Pour n’être plus, Seigneur, que l’outil dans ta main.
A Adrienne.
Ma fille, un homme sûr, sous le toit d’un créole,
S’apprête à t’emmener jusqu’à l’île espagnole.
Suis les pas de ce guide à qui je te remets,
Fuis ce fer et ce sang !
ADRIENNE, l’étreignant avec force.
Autant vaudrait-il dire au souffle de ton âme :
Sépare-toi du corps !
TOUSSAINT.
Qui brise sans plier sous l’ouragan du sort,
Se retrempe au danger, s’affermit dans la mort !
Se peut-il que ce sein, premier berceau des braves,
Qui fait honte au héros, enfante des esclaves ?
Tu braveras le sang et la mort sans effroi ?
ADRIENNE.
Mon œil ne verrait pas la mort derrière toi !
SCÈNE QUATRIÈME
Les précédents, ROCHAMBEAU, soldats de l’armée de Toussaint.
Les soldats amènent Rochambeau les yeux bandés à Toussaint.
UN SOLDAT NOIR.
Maître ! maître ! un espion !
UN AUTRE SOLDAT NOIR.
Pris vers la grande roche.