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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 32.djvu/132

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ACTE II, SCÈNE II

Il me faut dépouiller tout sentiment humain,
Pour n’être plus, Seigneur, que l’outil dans ta main.

A Adrienne.

Ma fille, un homme sûr, sous le toit d’un créole,
S’apprête à t’emmener jusqu’à l’île espagnole.
Suis les pas de ce guide à qui je te remets,
Fuis ce fer et ce sang !

ADRIENNE, l’étreignant avec force.

Fuis ce fer et ce sang ! Je vous l’ai dit : jamais !
Autant vaudrait-il dire au souffle de ton âme :
Sépare-toi du corps !

TOUSSAINT.

Sépare-toi du corps ! Ô cœur mâle de femme,
Qui brise sans plier sous l’ouragan du sort,
Se retrempe au danger, s’affermit dans la mort !
Se peut-il que ce sein, premier berceau des braves,
Qui fait honte au héros, enfante des esclaves ?
Tu braveras le sang et la mort sans effroi ?

ADRIENNE.

Mon œil ne verrait pas la mort derrière toi !


SCÈNE QUATRIÈME



Les précédents, ROCHAMBEAU, soldats de l’armée de Toussaint.

Les soldats amènent Rochambeau les yeux bandés à Toussaint.

UN SOLDAT NOIR.

Maître ! maître ! un espion !

UN AUTRE SOLDAT NOIR.

Maître ! maître ! un espion ! Pris vers la grande roche.