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DE
L’ÉMANCIPATION
DES  ESCLAVES

DISCOURS PRONONCÉS À DIVERSES ÉPOQUES
PAR M. A. DE LAMARTINE

I

chambre des députés. — 23 avril 1835.

Messieurs,

Je ne viens pas combattre les conclusions de l’honorable colonel qui descend de cette tribune ; mais je viens m’opposer à l’ajournement et au silence qu’il invoque dans cette question. Nous n’avons que trop ajourné, nous n’avons que trop gardé le silence, il est temps de parler. Mais ce n’est pas contre le projet de loi que je parlerai ; plus nous désirons rapprocher et assurer cette grande mesure de l’émancipation des esclaves, plus nous accorderons libéralement au gouvernement les moyens de précautions et de surveillance que nous commande notre sollicitude pour nos concitoyens des colonies.

Loin de moi, messieurs, la pensée de m’affliger de ce que la question des colonies ramène ici la question de l’esclavage, question qui reviendra, selon nous, tant qu’elle n’aura pas été résolue dans le sens de la raison, de la justice et de l’humanité ; nous ne pouvons nous empêcher d’admirer, au contraire, cette toute-puissance de la conscience humaine que rien ne peut étouffer, qui se soulève chaque fois qu’on prononce le mot d’esclave, qui cherche à agir ou dans les assemblées délibérantes, ou