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ACTE II, SCÈNE II

toussaint, avec colère.

Un chef ! Il oserait…

le moine.

Un chef ! Il oserait…Quoi donc peut te surprendre ?
Ce que l’on n’ose dire, on le laisse comprendre.
Mais lis.

toussaint, reprenant sa lecture.

Mais lis.« La République a des bras de géant ;
Elle compte l’espace et l’homme pour néant ;
Tous ses amis sont grands pour sa reconnaissance,
Et tous ses ennemis nuls devant sa puissance.
Elle a les yeux sur vous ; vous l’aimez ; vos enfants
Ont été confiés à ses bras triomphants.
Elle a pour eux les soins d’une mère chérie ;
C’est eux que vous servez en servant la patrie ;
Elle voit dans vos fils le sceau de vos serments,
Et le nœud mutuel des plus sûrs sentiments.
Vous êtes père !… Ils sont le prix qu’elle vous garde ;
Leur sort est dans vos mains, la France vous regarde.

« Bonaparte. »
le moine.

Voilà tout ?

toussaint, abattu.

Voilà tout.Voilà tout.

le moine.

Voilà tout ? Voilà tout.Qu’en dis-tu ?

toussaint.

Voilà tout ? Voilà tout. Qu’en dis-tu ?Le bourreau !

le moine.

Cette lettre est du fer dans un brillant fourreau ;
Il dore la poignée en enfonçant la lame.

toussaint.

Ô père ! il flatte l’œil, mais il transperce l’âme.