Un bruit court qu’au milieu de ces gorges profondes
Que défendent les bois, les rochers et les ondes,
Les mornes du Chaos, vastes escarpements,
Sont les points assignés à ces rassemblements.
Mais nul ne peut encore en dire davantage…
L’avalanche se forme au-dessus du nuage !
Pour remplir nos greniers, et pour armer nos forts,
L’escadre impatiente épuise ses renforts ;
La fièvre, tous les jours, nous réduit ; et l’armée,
Dans un cercle fatal, debout, mais enfermée,
Se rongeant sur ce sol qui s’ouvre sous ses pas !
Y cherche un ennemi qu’il ne lui montre pas ! »
Parlez, messieurs, je vais écouter et débattre.
Mon avis en deux mots : avancer et combattre !
Combattre ?… contre qui ? Tous les noirs sont soumis,
L’embarras est pour nous d’avoir des ennemis…
D’ailleurs, si par hasard la paix était sincère,
Vous en perdez le fruit en commençant la guerre :
Le grand volcan qui dort dans son calme profond
Éclate si l’on jette un grain de sable au fond !
Emparons-nous plutôt, sans brûler une amorce,
Des postes naturels où cette île a sa force.
Accoutumons ce peuple à nous voir hardiment
Ressaisir le pays et le gouvernement.
Des légitimes chefs reprenons l’attitude ;
L’obéissance, au fond, n’est rien qu’une habitude.
Commandons ! noirs ou blancs, le peuple est ainsi fait ;
Celui qu’il croit son maître est son maître en effet !
Le conseil serait bon dans l’Europe asservie
À ces mille besoins qui composent sa vie,