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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 34.djvu/301

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CÉSAR.

toute la part de César dans les calamités intestines qui devaient lui asservir sa patrie.

Julie, fille de César et femme de Pompée, avait été jusque-là, malgré la rivalité politique, le nœud de l’alliance entre ces deux hommes. Leur empire, en se confondant par cette parenté si rapprochée du cœur, était un empire de famille. La mort précoce de Julie relâcha ce lien ; la compétition du pouvoir suprême fit le reste.

César briguait un second consulat ; les lois interdisaient à un général gouverneur d’une province romaine de venir à Rome briguer les honneurs. Pompée, consul avant son refroidissement pour César, avait fait lui-même révoquer cette interdiction en faveur de César. Une loi spéciale, inscrite sur l’airain au Capitole, avait autorisé le vainqueur des Gaules à briguer le consulat sans venir à Rome, César annonçait hautement l’intention de profiter de cette loi pour déclarer sa candidature. César consul était en ce moment, pour le sénat et pour les amis de Pompée, César dictateur. Pompée et le sénat, craignant trop tard de subir la présence et l’autorité de l’homme qu’ils avaient si démesurément grandi, firent révoquer cette loi de faveur dont ils sentaient maintenant l’imprudence, et s’opposèrent légalement ainsi à la candidature de César. L’hostilité secrète se dérobe encore sous l’apparence d’un scrupule de légalité. Crassus, le troisième membre du triumvirat formé entre lui, Pompée et César, avant la guerre des Gaules, maintenait, par son intervention, un certain équilibre. Crassus meurt et ne laisse plus en présence que deux rivaux sans autre intermédiaire que l’ambition qui les dévore et la république qu’ils convoitent. Pendant quelques mois de négociation, l’empire paraît devoir appartenir au plus habile ; il sera bientôt au plus audacieux.

La conduite de César, pendant cette compétition au consulat que Pompée lui dénie, est le chef-d’œuvre de