de vétérans et tous les républicains du midi de l’Italie en Espagne, menaçaient de rentrer avec la liberté et le sénat à Rome. Tout ce qui avait échappé à Pharsale et à Thapsus allait rejoindre ce grand nom.
César, vaincu en Espagne dans tous ses lieutenants, court à Cordoue en sortant d’Utique. Il combat à Munda, non plus pour l’empire, mais pour la vie ; ses légions, un moment enfoncées par les vétérans de Pompée, l’abandonnent sur le champ de bataille. Il descend de cheval, prend un bouclier de soldat, lutte avec une poignée d’hommes contre des légions, cherche la mort, et, ne pouvant la recevoir, tourne son épée contre lui-même pour se la donner. Désarmé par ses Gaulois qui donnent à ses légions l’exemple et le temps de se rallier, il tire la victoire du sein de la défaite.
Les cadavres de trente mille vétérans de Pompée et de trois mille chevaliers, fils de la bourgeoisie militaire de Rome, furent liés les uns aux autres par une chaîne de javelots entrelacés et construits comme un rempart funèbre autour de la petite ville de Munda, assiégée par César. César avait pris en Gaule les mœurs barbares des Gaulois. Les républicains survivants et réfugiés dans la ville après la bataille ne furent point épouvantés par cette circonvallation de cadavres ; ils préférèrent la mort à la tyrannie. Il n’y avait que quelques Catons en Afrique après la bataille de Thapsus, il y en eut quatre-vingt mille en Espagne après la bataille de Munda. La liberté était aussi désespérée que l’ambition.
Les historiens vendus au succès et aux Césars ont accusé la république d’être morte à Rome avant que César l’eût ensevelie. C’est une calomnie. Corfinium, Tbapsus, Munda, protestent ; quatre armées de deux cent mille hommes, deux flottes, l’émigration en masse de tout ce qui constituait le sénat, les magistratures, la cité poli-