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GUTENBERG.

san à l’illustration féodale de sa race le rendît indigne désormais, à ses propres yeux, d’aspirer à un noble sang, Gutenberg ne revendiqua pas la foi promise et n’offrit pas de dégager la sienne ; il attendait la réhabilitation et de meilleurs jours a faire partager et celle qu’il aimait. Son humilité et ses scrupules résistèrent aux plus tendres instances de sa fiancée, et ne purent être vaincues que par une sommation juridique faite devant l’officialité de Strasbourg, de tenir la promesse de mariage qu’il avait autrefois jurée.

Cette sommation d’Annette de la Porte de Fer à son amant existe encore aujourd’hui comme le seul monument authentique de son mariage. Gutenberg céda enfin à cette généreuse violence de l’amour ; il épousa Annette. Leurs enfants ne vécurent pas.

L’héritage et l’héritier des grands hommes, c’est leur invention et le genre humain.

Après la décision des juges du procès, en 1439, qui laissait Gutenberg maître de son secret, le condamnant seulement et payer une indemnité aux héritiers d’André Dritzehen, il abandonna les cloîtres du monastère de Saint-Arbogaste et rentra dans la ville de Strasbourg ; il habita alors la maison de Thiergarten, et y établit sa première imprimerie.

Il est peut-être curieux de remarquer que l’emplacement de cette maison est maintenant l’emplacement du lycée, comme si ce lieu eût été désigné d’avance pour un grand dessein, et qu’après avoir fixé les sciences par la typographie, il eût été destiné à les propager par l’enseignement.

Lorsque Gutenberg fut contraint de quitter Strasbourg, en 1446, il y laissa les traditions de son art dans les collaborateurs et les ouvriers initiés à sa découverte et ft ses procédés ; et nous trouvons Mentel ou Metelin, notaire public,