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GUTENBERG

INVENTEUR DE L’IMPRIMERIE

ANNÉE 1400 DE J.-C.



L’imprimerie est le télescope de l’âme.

De même que cet instrument d’optique, appelé télescope, rapproche de l’œil, en les grossissant, tous les objets de la création, les atomes et les astres même de l’univers visible ; de même, l’imprimerie rapproche et met en communication immédiate, continue, perpétuelle, la pensée de l’homme isolé avec toutes les pensées du monde invisible, dans le passé, dans le présent et dans l’avenir. On a dit que les chemins de fer et la vapeur supprimaient la distance ; on peut dire que l’imprimerie a supprimé le temps. Grâce à elle, nous sommes tous contemporains. Je converse avec Homère et Cicéron : les Homères et les Cicérons des siècles à naître converseront avec nous ; en sorte qu’on peut hésiter à prononcer si une presse n’est pas autant un véritable sens intellectuel, révélé à l’homme par Gutenberg, qu’une machine matérielle ; car il en sort sans doute du papier, de l’encre, des caractères, des chiffres, des lettres qui tombent sous les sens ; mais il en sort en même temps de la pensée, du sentiment, de la morale, de la religion, c’est-à-dire une portion de l’âme du genre humain.

Avant de parler de l’inventeur, examinons le phénomène.