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BOSSUET.

Il étudiait la déclamation comme il avait étudié la langue. Il se trompait seulement dans l’idée de trouver là des modèles. L’artifice de diction n’aurait pu que lui nuire. La nature, la foi, la piété, avaient tout fait pour lui. Il était né modèle ; c’était aux acteurs à venir étudier l’apôtre.

Il s’arracha à ces études et à ces amitiés de Paris pour retourner à Metz, auprès de son père, prendre possession de son canonicat et attendre l’âge des hautes fonctions ecclésiastiques auxquelles sa renommée l’appellerait inévitablement. Il y vécut six ans de la vie d’un cénobite. Ces six années n’y furent pour lui qu’une longue méditation de la Bible, de l’Évangile et des écrits des premiers fondateurs du christianisme : saint Jean Chrysostome, ce Démosthène sacré ; Tertullien, ce Tacite des persécutions ; Origène, ce poëte du dogme ; saint Augustin surtout, ce Platon de la doctrine, furent sa société antique. Il fallait que la sévérité et la sobriété naturelles de son goût fussent bien innées en lui pour ne pas se corrompre, s’exagérer, s’enfler ou se raffiner avec ces écrivains et ces orateurs d’un âge de décadence littéraire, qui forcent la langue ou l’image en la faisant déclamer au lieu de parler.

Mais l’éloquence de Bossuet était incorruptible, même à ses maîtres. Il prit dans ce commerce leur foi, et répudia instinctivement leurs erreurs. Il n’avait pour distraction à ces études que la société du maréchal de Schomberg, gouverneur de Metz. La maréchale de Schomberg, femme célèbre par sa beauté et par son esprit, qu’une passion contenue et chaste avait autrefois attachée au roi Louis XIII, aimait et protégeait le jeune orateur. Elle ne cessait de vanter dans ses lettres et la cour le mérite et le talent du chanoine de Metz. Elle l’engageait à complaire au roi en appliquant son zèle à la conversion des protestants de Metz. Bossuet prit, dans ces controverses avec quelques ministres du culte réformé de la province, cette habitude