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NELSON.

larmes les cheveux de Nelson, peut-être aurait-il mieux valu que je ne fusse pas réjoui de ce moment si délicieux pour moi, si je dois en être privé sitôt par la mort ! Mon âge et ma faiblesse augmentent tous les jours ; et je n’ai plus longtemps à me glorifier de toi. »

Le séjour de Nelson et de sa femme dans la maison paternelle lui rendit toutes les réminiscences et toutes les habitudes de la douce vie rurale, qui avait été celle de ses premières années. Il reprit avec sa jeune compagne les courses dans les champs, les travaux de la moisson, les loisirs et les lectures dans le jardin de la chaumière. Il semblait avoir oublié pour jamais les vagues, et s’enraciner par toutes les tendresses et par toutes les occupations champêtres dans son sol natal.

Ces doux loisirs ne furent interrompus que par la guerre de 1792 contre la France. Le 12 décembre de cette année, Nelson fut appelé par l’amirauté au commandement de l’Agamemnon, vaisseau de guerre destiné à faire partie de l’escadre de l’amiral Hood dans la Méditerranée. Au moment où le midi de la France livrait Toulon aux Anglais pour échapper par un crime contre la patrie aux crimes de la terreur contre l’humanité, l’amiral Hood détacha l’Agamemnon de son escadre, et ordonna à Nelson d’aller protéger de sa présence la cour et le port de Naples contre les insultes des escadres républicaines qui menaçaient ce royaume allié des Anglais. Nelson entra en sauveur dans la rade de Naples. La cour l’accueillit comme le gage de sa sécurité. Lord Hamilton, ambassadeur d’Angleterre a Naples, et tout-puissant sur cette cour, à laquelle il assurait la protection britannique, reçut des mains de Nelson les dépêches de l’amiral Hood et la nouvelle de l’occupation navale de Toulon.

Ce vieillard, fanatisé de haine contre la république et du triomphe de sa patrie, maîtresse désormais de l’arsenal