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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 4.djvu/170

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troisième époque.

De la grotte, 25 septembre 1793.

Quand je reviens le soir de mes lointaines chasses,
Les pieds meurtris, les doigts déchirés par les glaces,
Rapportant sur mon dos l’élan ou le chamois,
Et que, du haut d’un pic, du plus loin j’aperçois
Mon lac bleu resserré comme un peu d’eau qui tremble
Dans le creux de la main où l’enfant la rassemble,
Le feston vert bordant sa coupe de granit,
De mes chênes penchés la tête qui jaunit,
Et, vacillante au fond de la grotte qui fume,
La lueur du foyer que Laurence rallume ;
Quand je rêve un moment, quand je me dis : « Là-bas,
Dans ce point lumineux qu’un lynx ne verrait pas,
J’ai la meilleure part, l’autre part de moi-même,
Un regard qui me cherche, un souvenir qui m’aime,
Un ami dont mon pas fera battre le cœur,
Un être dont le ciel m’a fait le protecteur,
Pour moi tout, et pour qui je suis tout sur la terre,
Patrie, amis, parents, mère, sœur, frère et père,
Qui compte tous mes pas dans son cœur palpitant,
Et pour qui loin de moi le jour n’a qu’un instant,
L’instant où, de ces monts me voyant redescendre,
Il vient de ses deux bras à mon cou se suspendre,
Et, bondissant après comme un jeune chevreuil,
En courant devant moi m’entraîne à notre seuil ;  »
Alors, pressant le pas sur mon chemin de neige,
Je me trace de l’œil le sentier qui l’abrége ;