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LETTRE À SA SŒUR


Du village de Valneige, mai 1798.

Ma sœur ! Oh ! quel doux temps ce doux nom me rappelle !
Tendre couple buvant à la même mamelle,
Que notre jeune mère, en se penchant sur nous,
Asseyait et berçait sur les mêmes genoux !
Ma sœur ! Oh ! laisse-moi l’effacer pour l’écrire,
Ce nom que mon regard n’est jamais las de lire,
Ce nom que j’écrirais du soir au lendemain,
Si je laissais mon cœur s’écouler sous ma main !
Oh ! ce nom si longtemps muet à mon oreille,
Combien de cendre éteinte en mon âme il réveille !
Toute cette moitié froide et morte du cœur
Retrouve à ce doux nom son monde intérieur,