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jocelyn.

De cette âme du ciel chaque vibration,
En me communiquant la même impression,
N’imprimait-elle pas à ma jeune pensée
La même impulsion en moi recommencée,
Comme un son dans les sons imprime un même accord,
Ou comme un flot du flot reçoit le pli du bord ?
Cette pensée, ainsi de la sienne venue,
Est-ce une âme qui naît ? une qui continue ?

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Et plus tard, quand, bercé, grandi sur tes genoux,
Mon oreille s’ouvrait à tes accents si doux,
Que du monde et du ciel l’obscure intelligence
À travers ton sourire éclairait mon enfance,
Que tes saintes leçons façonnaient ma raison,
Que le bord de ta robe était mon horizon,
Et que toute mon âme, attentive à la tienne,
N’était que la lueur d’une autre dans la mienne,
Ô mère, qui pouvait démêler d’un regard
Cette existence à deux, faire à chacun sa part,
Distinguer toi de moi dans cette âme commune,
Restituer en deux ce qui sentait en une,
Dans nos doubles clartés voir laquelle avait lui,
Et, sans mentir au ciel, dire : « C’est elle ou lui. »

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