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ver de ce lait intarissable… Mais il coule partout, il inonde tout ; et moi je languis vainement après lui ! (Il frappe le livre avec dépit, et considère le signe de l’esprit de la terre.) Comme ce signe opère différemment sur moi ! Esprit de la terre, tu te rapproches ; déjà je sens mes forces s’accroître ; déjà je pétille comme une liqueur nouvelle : je me sens le courage de me risquer dans le monde, d’en supporter les peines et les prospérités ; de lutter contre l’orage, et de ne point pâlir des craquements de mon vaisseau. Des nuages s’entassent au-dessus de moi !… la lune cache sa lumière… la lampe s’éteint ! elle fume !… Des rayons ardents se meuvent au-dessus de ma tête. Il tombe de la voûte un frisson qui me saisit et m’oppresse. Je sens que tu t’agites autour de moi, esprit que j’ai invoqué ! Ah ! comme mon sein se déchire ! mes sens s’ouvrent à des impressions nouvelles, tout mon cœur s’abandonne à toi !… Parais ! parais ! m’en coûtât-il la vie !




NOTE HUITIÈME

(NEUVIÈME ÉPOQUE. — Page 370.)

Ô mon chien, Dieu seul sait la distance entre nous !
Seul il sait quel degré de l’échelle de l’être
Sépare ton instinct de l’âme de ton maître.

Je pensais au chien de Jocelyn quand, en 1845, je combattais dans le conseil général de Saône-et-Loire l’impôt sur les chiens, comme la loi somptuaire de la consolation et de l’amitié. Imposer les chiens, c’est imposer une caresse, une affection, un sentiment. Or, le sentiment, sous quelque forme qu’il apparaisse et qu’il sympathise avec l’homme, n’est jamais un luxe, mais une nécessité vitale. J’insère ici ce discours, que je referais encore, si cette proposition contre le cœur du peuple se représentait.


Messieurs,

Le ministre nous demande notre avis sur la convenance d’imposer les chiens. Votre commission vous propose de réclamer l’établissement de cet impôt. Permettez-moi de combattre votre commission. J’aime les chiens, cela est vrai ; il ne faut pas rougir de ses amis dans l’occasion : mais ce ne sont pas les chiens que