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notes.

Avec une obligeante bienvenue, Jenny l’introduit.
    Un grand et beau garçon ; il donne dans l’œil à la mère.
Jenny voit avec bonheur que la visite n’est pas mal prise.
    Le père cause chevaux, charrues et vaches.
Le cœur candide du jeune homme déborde de joie ;
    Mais, embarrassé, honteux, il a peine à faire bonne conte-
        nance.
La mère, avec une ruse de femme, sait découvrir
Ce qui rend le garçon si timide et si sérieux ;
Bien contente de penser que sa fille est respectée comme une
        autre.


Ô heureux amour, quand un tel amour se trouve !
Ô ravissement du cœur ! bonheur sans égal !
J’ai fait bien du chemin sur ce pénible globe mortel,
    Et une sage expérience m’ordonne de déclarer ceci :
Si le ciel nous garde une coupe de plaisir céleste,
    Un cordial dans cette triste vallée,
C’est quand un couple jeune, amoureux et modeste,
    Les bras entrelacés, exhale son tendre secret
Sous la blanche aubépine qui parfume la brise du soir.


Est-il sous forme humaine, et portant un cœur,
    Un misérable, un scélérat, mort à l’amour et à la vérité,
Qui puisse, avec un art étudié, perfide et insidieux,
    Trahir la confiante jeunesse de la charmante Jenny ?
Malédiction sur ses parjures artificieux, sur ses flatteries men-
        teuses !
    L’honneur, la vertu, la conscience, sont-ils tous exilés ?
N’est-il ni pitié ni tendre commisération
    Qui lui montrent les parents idolâtres de leur enfant,
Puis lui peignent la fille perdue, et l’égarement de leur déses-
        poir ?


Mais voici le souper qui couronne leur simple table :
    Le salubre parretch, la principale nourriture de l’Écosse,
La soupe que fournit leur seule vache,
    Qui, derrière la cloison, rumine commodément…
La maîtresse apporte, dans une intention civile
    En faveur du jeune homme, son fromage conservé avec soin,
        et piquant.
La bonne ménagère, qui aime à jaser, raconte