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notes.

t-elle complétement évanouie ; mais ce retour aura-t-il lieu ? Qui sait, en effet, ce que peut éprouver de dérangement un astre errant, à ce point qu’il s’éloigne du Soleil à une distance double de celle de Neptune ? Les perturbations des comètes pourront révéler aux générations futures l’existence de corps relégués hors de toute portée de la vue humaine, dans les plages immenses et inaccessibles qui séparent le Soleil du firmament étoilé. De toutes les comètes à longues périodes, celle de Halley est la seule dont la révolution soit suffisamment connue pour nous fournir de semblables enseignements ; toutefois, ses excursions dans l’espace sont comparativement restreintes.

» Les observations de la comète de Halley forment une des parties les plus intéressantes de l’admirable ouvrage de sir John Herschel sur les nébuleuses de l’hémisphère austral. Lorsque, le 28 octobre 1837, il vit cette comète au cap de Bonne-Espérance, elle différait peu d’une étoile de la troisième grandeur à peine munie d’une queue. Mais, le soir du 29, elle avait revêtu une apparence nouvelle et singulière : son noyau, petit, brillant, fortement condensé, était coiffé, du côté du Soleil, d’un étroit croissant qui émettait une lueur nébuleuse et formait un arc de 90°, dont la convexité était tournée vers le Soleil, et la concavité vers le noyau de la comète. À partir de cet instant, elle reprit l’aspect ordinaire de ces sortes d’astres. Quand elle eut franchi son périhélie, rien de plus surprenant que le changement total qui s’effectua. Sa tête, vivement accusée, ressemblait, suivant sir John, à la lueur d’une lampe d’Argand transmise par une enveloppe de verre dépoli. Dans l’intérieur se voyait quelque chose de lumineux qui offrait en miniature la configuration d’une comète, ayant à part une tête, un noyau, et une queue beaucoup plus brillante que la tête. Le tout était enveloppé par la chevelure, qui, comme de coutume, allait se fondre avec la queue.

» D’innombrables étoiles de toutes grandeurs se voyaient, de temps à autre, à travers la tête de cette comète ; quelques-unes étaient très-rapprochées du noyau. On n’eut jamais lieu de penser que leur lumière eût disparu pendant qu’elles le traversaient.

» Ce que cette comète offrit de plus particulièrement remarquable, ce fut l’étonnante rapidité avec laquelle ses dimensions s’accrurent. Le 25 janvier 1838, la tête, sans y comprendre la chevelure, avait grandi dans le rapport de cinq à six ; vingt-quatre heures plus tard, son volume était plus que doublé ; on pourrait presque dire qu’on la voyait grandir. Durant cette expansion, les