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CHAPITRE IV.

C

— Oh ! quoi, dit-il, ils ont bien eu le cœur de couper les pampres qui montent innocemment de père en fils jusqu’à votre foyer !… Hélas ! c’est trop vrai, ajouta-t-il en levant les mains au ciel et en regardant les feuilles mortes qui n’avaient plus la force de supporter le poids de leurs lourdes grappes flétries. Se peut-il que la malignité des hommes aille jusque-là ? Ah ! que j’y ai passé de bons soirs à causer a l’ombre, avec vos braves pères, en buvant une goutte du bon jus de vos ceps et en bénissant san Francisco des dons de Dieu pour les cœurs simples ! Mais a présent, continua-t-il, je ne repasserai jamais là sans maudire la perversité des méchants !… Mais non, ajouta-t-il en se reprenant, non, ne maudissons personne, même ceux qui nous font du mal ; plaignons-les, au lieu de les haïr. La pitié est la charité des persécutés envers les persécuteurs : c’est la seule vengeance qui plaît à Celui qui est là-haut. Prions pour eux ; n’est-ce pas plus malheureux d’être bourreau que d’être victime ?