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FIOR D’ALIZA.

— Ne vous inquiétez pas comment vous vivrez en l’absence de ces enfants, je vous en apporterai toutes les semaines autant ; l’aumône est la récolte des abandonnés, je ne fais que vous rendre ce que vous m’avez tant de fois donné dans vos jours de richesse. Si je mendiais pour moi, je serais un voleur du travail des hommes ; mais en mendiant pour vous, je ne serai qu’une des mains de Dieu qui reçoit du cœur pour rendre à la bouche.

CXXXVI

Il nous dit alors en peu de mots que le bruit des coups de feu de la veille dans les châtaigniers, du massacre de notre troupeau, de mes blessures aux deux bras, de la mort du brigadier des sbires et de l’emprisonnement de Hyeronimo, était monté jusqu’aux Camaldules, de bouche en bouche, par les chevriers de San Stefano ; qu’à cette nouvelle, il avait bien pensé que nous avions besoin de consolation, qu’il avait demandé au supérieur la permission de venir à notre aide et de prendre dans sa besace ce qui était nécessaire à une pauvre famille privée du seul soutien capable de pourvoir à ses nécessités.

Il ajouta qu’il s’était levé bien avant le jour, afin d’arriver à la cabane aussitôt que le réveil dans nos yeux et le désespoir dans nos cœurs.