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FIOR D’ALIZA.

CLXXIX

Le bargello m’enseigna la manœuvre dans le premier cachot vide que nous rencontrâmes, à droite, en entrant dans cette triste cour.

— Grâce à Dieu ! me dit-il en marchant lentement sous le cloître, les loges sont presque toutes vides depuis quelques mois : Lucques n’est pas une terre de malfaiteurs ; le peuple des campagnes est trop adonné à la culture des champs qui n’inspire que de bonnes pensées aux hommes, et le gouvernement est trop doux pour qu’on conspire contre sa propre liberté et contre son prince. Le peu de crimes qui s’y commettent ne sont guère que des crimes d’amour, et ceux-là inspirent plus de pitié que d’horreur aux hommes et aux femmes : on y compatit tout en les punissant sévèrement. C’est du délire plus que du crime ; on les traite aussi par la douceur plus que par le supplice.

En ce moment, continua-t-il, nous n’avons que six prisonniers : quatre hommes et deux femmes. Il n’y en a qu’un dont il y ait à se défier, parce qu’il a tué, dit-on, un sbire, en trahison, dans les bois.

Je frissonnai, je pâlis, je chancelai sur mes jambes, comprenant bien qu’il s’agissait d’Hyeronimo ; mais, comme