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FIOR D’ALIZA.

et me remerciaient, à mesure que je passais devant leur lucarne, de leur donner ainsi un souvenir de leurs jours de fête.

Le meurtrier, qui avait paru au premier moment à sa lucarne, les deux mains crispées à ses barreaux, ne s’y montrait plus ; j’en fus réjouie malgré l’impatience que j’avais de le voir ; je compris qu’il avait reconnu l’instrument de son père, et qu’il s’attendait à quelque chose de moi, semblable à la surprise qu’il avait eue la nuit, du haut de la tour, en entendant l’air d’Hyeronimo et de Fior d’Aliza, que l’un de nous d’eux seul pouvait jouer à l’autre, puisque nous ne l’avions appris a personne.

CXCV

Aussi, pour bien le confirmer dans l’idée qu’il allait me voir apparaître, quand je fus à la dernière arcade au tournant du cloître avant son grillage, je m’assis sur le socle de l’arcade et je jouai doucement, amoureusement, l’air de la nuit dans la tour, afin qu’il comprît bien que j’étais là à dix pas de lui, et qu’il entendit pour ainsi dire battre mon cœur dans la zampogne ; et je finis l’air, non pas comme d’habitude, par ces volées de notes qui semblaient s’élancer vers le ciel, comme des alouettes joyeuses montant au soleil, mais je le finis par de longs, lugubres et