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FIOR D’ALIZA.

CCLVI

Moi, cependant, j’avais promis à Hyeronimo de revenir passer avec lui la dernière nuit, sans crainte d’être découverte, puisque je ne devais plus le quitter qu’après qu’il serait sauvé et me dévoiler qu’après être morte sa place. En disant cela, ses yeux tombèrent involontairement sur le berceau du charmant enfant que son pied balançait avec distraction sur le plancher et qui dormait en souriant aux anges ; comme on dit dans le patois de Lucques.

— À peine me fus-je glissée furtivement dans la loge, qu’il éteignit du souffle la lampe, que tout resta plongé dans la nuit.

Nous nous assîmes sur le bord de son lit, la main dans la main, puis il m’embrassa pour la première fois, sans que je fisse de résistance, et la nuit de nos noces commença par ces mots cachés au fond du cœur, qu’on ne dit qu’une fois et qu’on se rappelle toute sa vie.

Nuit terrible, où toutes nos larmes étaient séchées par nos baisers, et tous nos baisers, interrompus par nos larmes. Ah ! qui vit jamais comme moi l’amour et la mort se confondre et s’entremêler tellement, que l’amour luttait avec la mort et que la mort était vaincue par l’amour ! Ah ! Dieu me préserve de m’en souvenir