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CHAPITRE IX.

Le bargello et sa femme étaient là pleurant ; ils ne s’étonnaient pas de mon absence, pensant que ma jeunesse et ma pitié pour le prisonnier me retenaient dans ma tour ; ne voulant pas me condamner si jeune à un tel spectacle, au contraire, ils bénissaient le bon Dieu.

CCLIX

Les sbires entrèrent. Les cloches de tous les clochers retentirent. Je me sentais toute froide, mais ferme encore sur mes jambes ; je me remis dans leurs mains comme un agneau qu’on mène à la boucherie ; ils me firent sortir au milieu des sanglots du piccinino, du bargello et de sa femme ; je leur serrai la main comme pour les remercier de leur service et de leur douleur.

Les rudes mains des sbires me séparèrent violemment et me poussèrent dans la rue. Elle était pleine de monde en deuil que les cloches, annonçant le supplice et la prière des morts, avaient réveillé et rassemblé dès le matin ; un cordon de sbires les tenaient à distance ; les pénitents, en longues files, m’entouraient et me suivaient : un petit enfant, à côté du père Hilario, marchait devant moi et tendait une bourse aux spectateurs pour les parents du meurtrier.

On marchait lentement à cause du vieux moine mon confesseur, qui me faisait des exhortations à l’oreille que je