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CHAPITRE IX.

comme la nôtre ; le monde est si méchant ! et il en gloserait à la honte de la religion. Mais, pour répondre autant qu’il est en nous à la protection de la duchesse, voici, me dit-elle en me montrant du geste un hangar dans la cour, un lieu à la fois ouvert et renfermé le soir dans notre enceinte. Les gros chiens du couvent, qui sont bons, sont enchaînés le jour et rôdent la nuit pour nous protéger ; on le nettoiera, on le garnira d’un lit et d’une paille propre et fraîche, on y mettra une porte, et vous pourrez vous y retirer tous les soirs, pourvu que vous soyez rentrée avant l’Ave Maria, et que vous n’en sortiez qu’après l’Ave Maria du matin ; j’aurai soin que la sœur portière vous y porte tous les jours la soupe des galériens malades, et tous les soirs un pain blanc avec les haricots à l’huile et les olives de leur souper. J’irai moi-même vous visiter souvent dans cette cahute et vous porter les consolations et les encouragements que votre figure honnête commence à m’inspirer. Vous pourrez même entendre notre messe de la porte de la chapelle, ici à gauche, par la lucarne des serviteurs du monastère.

CCLXVIII

Cela dit, elle parut s’attendrir, elle m’embrassa, elle essuya mon front tout trempé de la sueur du chemin avec mon mezaro, et chargea la sœur portière de faire enchaîner