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FIOR D’ALIZA.

faveur de la comtesse d’Albani, la faveur passionnée de l’opinion de la société en Toscane. La religion elle-même avait servi de manteau à l’amour.

Un soir que les deux époux devaient aller ensemble au théâtre, le prince était parti le premier et se croyait suivi dans une seconde voiture par sa femme, retardée sous un spécieux prétexte ; mais il l’attendit en vain dans sa loge ; il l’avait vue pour la dernière fois ; un couvent inviolable avait reçu la comtesse et l’avait soustraite aux droits et aux recherches de son royal époux.

Peu de temps après, Alfieri, voyageant seul, suivi de ses quatorze chevaux anglais, sur la route de Sienne, s’acheminait mélancoliquement vers Rome, où la comtesse d’Albani se rendait de son côté par une autre route, allant chercher dans un couvent la protection de son beau-frère, le cardinal d’York.

Le cardinal se déclara le protecteur de sa belle-sœur auprès du Pape. Après quelques mois de séquestration dans le monastère de Rome, la séparation civile et religieuse fut prononcée, et la comtesse, libre de ses engagements, se rendit à Paris et dans d’autres capitales, où elle fut suivie par son poëte. Après la mort de son mari-roi, qui ne tarda pas à succomber à ses excès et à son triste isolement, un mariage secret, dont on n’a eu néanmoins aucune preuve légale (parce que cette preuve aurait privé la royale comtesse de la pension que lui faisait l’Angleterre), unit les deux amants.