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FIOR D’ALIZA.

Pour rendre cet effet aussi agréable qu’il était puissant, il fallait que l’artiste ajoutât à l’intelligence la suprême beauté, afin que l’imagination ravie ne pût pas rêver plus beau que l’image reproduite à ses yeux. La nature en cela n’avait rien laissé à désirer dans les yeux, dans la chevelure, dans les traits, dans les bras, dans tout le galbe enfin de madame de Bombelles. L’inspiration même, qui manquait quelquefois à la figure au repos, reparaissait en elle aussitôt qu’elle oubliait le monde pour s’abandonner à son génie plastique. Ce n’était plus une femme, c’était une passion sous l’idéale beauté ; elle ne se livrait à cette inspiration des attitudes que dans l’intimité la plus confidentielle. Le prestige d’une telle exhibition de soi-même eût été trop expressif en public. Le génie lui-même à sa pudeur ; surtout quand il a pour organe une femme. Je n’ai jamais vu ailleurs que devant ces statues animées de madame de Bombelles le prodige des attitudes, et je ne l’ai jamais oublié. Son mari est mort, et elle vit maintenant retirée du monde dans quelque asile religieux d’Allemagne. Si elle y pense à ses amis des jours heureux, que mon nom lui revienne et qu’elle se souvienne à son tour de ceux qui l’ont le plus aimée. Le souvenir est la résurrection des jours évanouis.