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FIOR D’ALIZA.

Son cœur les rappelle à soi ;
Des pleurs voilent son sourire,
Et son regard semble dire :
Vous aime-t-on comme moi ? »

C’est une jeune fiancée
Qui, le front ceint du bandeau,
N’emporta qu’une pensée
De sa jeunesse au tombeau :
Triste, hélas ! dans le ciel même,
Pour revoir celui qu’elle aime
Elle revient sur ses pas,
Et lui dit : « Ma tombe est verte.
Sur cette terre déserte
Qu’attends-tu ? Je n’y suis pas ! »

C’est un ami de l’enfance
Qu’aux jours sombres du malheur
Nous prêta la Providence
Pour appuyer notre cœur.
Il n’est plus ; notre âme est veuve,
Il nous suit dans notre épreuve,
Et nous dit avec pitié :
Ami, si ton âme est pleine,
De ta joie ou de ta peine
Qui portera la moitié ?

C’est l’ombre pâle d’un père
Qui mourut en nous nommant ;
C’est une sœur, c’est un frère
Qui nous devance un moment.
Sous notre heureuse demeure,
Avec celui qui les pleure,