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CHAPITRE DEUXIÈME.

qu’elle vit toujours dans son chalet adossé à son rocher, et qu’elle tresse encore les nattes de paille dorée en regardant jouer ses enfants sous le caroubier, pendant que son mari chante, en cousant le cuir à sa fenêtre, la chanson du cordonnier des Abruzzes :

« Pour qui fais-tu cette chaussure ? Est-ce une sandale pour le moine ? est-ce une guêtre pour le bandit ? est-ce un soulier pour le chasseur ?

« C’est une semelle pour ma fiancée, qui dansera la tarentelle sous la treille, au son du tambour orné de grelots. Mais avant de la lui porter chez son père, mettrai un clou plus fort que les autres, un baiser sous la semelle de ma fiancée !

« J’y mettrai une paillette plus brillante que toutes les autres, un baiser sous le soulier de mon amour !

« Travaille, travaille, calzolaïo ! »