Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/124

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Je ne vois en ces lieux que ceux qui n’y sont pas !
Pourquoi ramènes-tu mes regrets sur leur trace ?
Des bonheurs disparus se rappeler la place,
C’est rouvrir des cercueils pour revoir des trépas !


I

Le mur est gris, la tuile est rousse,
L’hiver a rongé le ciment ;
Des pierres disjointes la mousse
Verdit l’humide fondement ;
Les gouttières, que rien n’essuie,
Laissent, en rigoles de suie,
S’égoutter le ciel pluvieux,
Traçant sur la vide demeure
Ces noirs sillons par où l’on pleure,
Que les veuves ont sous les yeux ;

La porte où file l’araignée,
Qui n’entend plus le doux accueil,
Reste immobile et dédaignée
Et ne tourne plus sur son seuil ;
Les volets que le moineau souille,
Détachés de leurs gonds de rouille,
Battent nuit et jour le granit ;
Les vitraux brisés par les grêles
Livrent aux vieilles hirondelles
Un libre passage à leur nid !