Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/369

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Hourrah pour l’Angleterre et ses falaises blanches !
Hourrah pour la Bretagne aux côtes de granit !
Hourrah pour le Seigneur, qui rassemble les branches
Au tronc d’où tomba le vieux nid !

« Que ce cri fraternel gronde sur nos montagnes,
Comme l’écho joyeux d’un tonnerre de paix !
Que l’Océan le roule entre les deux Bretagnes !
Que le vaisseau l’entende entre ses flancs épais !
Et qu’il fasse tomber dans la mer qui nous baigne.
Avec l’orgueil jaloux de nos deux pavillons,
L’aigle engraissé de mort, dont le bec encor saigne
De la chair de nos bataillons [1] !

« L’esprit des temps rejoint ce que la mer sépare :
Le titre de famille est écrit en tout lieu.
L’homme n’est plus Français, Anglais, Romain, Barbare :
Il est concitoyen de l’empire de Dieu !
Les murs des nations s’écroulent en poussières,
Les langues de Babel retrouvent l’unité,
L’Évangile refait avec toutes ses pierres
Le temple de l’humanité !

« Réjouissons-nous donc dans le jour qu’il nous prête :
L’aube des jours nouveaux fait poindre ses rayons :
Vous serez dans les temps, monts à la verte crête,
Un Sinaï de paix entre les nations !
Sous nos pas cadencés faisons sonner la terre.
Jetons nos gants de fer, et donnons-nous la main ;

  1. À Waterloo.