Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/385

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Seul et la cime bercée,
Un jeune et haut peuplier
Dresse sa flèche élancée,
Comme une haute pensée
Qui s’isole pour prier.

Par instants, le vent qui semble
Couler à flots modulés
Donne à la feuille qui tremble
Un doux frisson qui ressemble
A des mots articulés.

L’azur où sa cime nage
A balayé son miroir,
Sans que l’ombre d’un nuage
Jette au ciel une autre image
Que l’infini qu’il fait voir.

Ruisselant de feuille en feuille,
Un rayon répercuté,
Parmi les lis que j’effeuille,
Filtre, glisse, et se recueille
Dans une île de clarté.

Le rayon de feu scintille
Sous cette arche de jasmin,
Comme une lampe qui brille
Aux doigts d’une jeune fille
Et qui tremble dans sa main.