Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/388

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Ma pauvre âme, ensevelie
Dans cette mortalité,
Ouvre sa mélancolie,
Et comme un lin la déplie
Au soleil de ta bonté.

S’enveloppant tout entière
Dans les plis de ta splendeur,
Comme l’ombre à la lumière
Elle ruisselle en prière,
Elle rayonne en ardeur !

Oh ! qui douterait encore
D’une bonté dans les cieux,
Devant un brin de l’aurore
Qui s’égare et fait éclore
Ces ravissements des yeux ?

Est-il possible, ô nature !
Source dont Dieu tient la clé,
Où boit toute créature,
Lorsque la goutte est si pure,
Que l’abîme soit troublé ?

Toi qui dans la perle d’onde,
Dans deux brins d’herbe plies,
Peux renfermer tout un monde
D’un bonheur qui surabonde
Et déborde sur tes pieds,