Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/409

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Crois-tu donc que la lyre où notre âme s’accorde
Chante au fond de nos cœurs, toujours pleine de voix,
Sans que de temps en temps il s’y rompe une corde
Qui laisse en se taisant un vide sous nos doigts ?

Pauvre naïve enfant ! que dirait l’hirondelle
Si, quand l’hiver l’abat aux débris de sa tour,
Ta voix lui demandait les plumes de son aile
Qu’emporte la tempête ou sème le vautour ?

« Demande, dirait-elle, au nuage, à l’écume,
A l’épine, au désert, aux ronces du chemin :
A tous les vents du ciel j’ai laissé quelque plume.
Et pour me réchauffer je n’ai plus que ta main ! »

Ainsi te dit mon cœur, jeune et tendre inconnue ;
Mais quand dans ces cheveux tes souffles passeront,
Je sentirai longtemps, malgré ma tempe nue,
La sève de vingt ans battre encor dans mon front.


A une jeune fille qui me demandait de mes cheveux