Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/131

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gents, tout cela doubla de prix pour nous, au milieu de la désolation et de la nudité absolue d’Athènes.

On ne trouverait pas mieux sur une route d’Italie, d’Angleterre ou de Suisse. Puisse cette auberge se soutenir et prospérer pour la consolation et le bien-être des voyageurs à venir ! Mais, hélas ! depuis quarante-huit jours, aucun étranger n’en avait franchi le seuil ni troublé le silence.

Le soir, M. Gropius vint obligeamment se mettre à notre disposition pour nous montrer et nous commenter Athènes. Aussi heureux que l’avait été autrefois M. de Chateaubriand, conduit dans les ruines d’Athènes par M. Fauvel, nous eûmes dans M. Gropius un second Fauvel, qui s’est fait Athénien depuis trente-deux ans, et qui bâtit, comme son maître, la maison de ses vieux jours parmi ces débris d’une ville où il a passé sa jeunesse, et qu’il aide autant qu’il le peut à sortir une centième fois de sa poussière poétique. — Consul d’Autriche en Grèce, homme d’érudition et homme d’esprit, M. Gropius joint, à l’érudition la plus consciencieuse et la plus approfondie de l’antiquité, ce caractère de naïve bonhomie et de grâce inoffensive qui est le type des vrais et dignes enfants de l’Allemagne savante. Injustement accusé par lord Byron dans ses notes mordantes sur Athènes, M. Gropius ne rendait point offense pour offense à la mémoire du grand poëte ; il s’affligeait seulement que son nom eût été traîné par lui d’éditions en éditions, et livré à la rancune des fanatiques ignorants de l’antiquité ; mais il n’a pas voulu se justifier, et quand on est sur les lieux, témoin des efforts constants que fait cet homme distingué pour restituer un mot à une inscription, un fragment égaré à une statue,