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27 août 1832.


À midi, nous mettons à la voile de Rhodes pour Chypre, par une magnifique soirée. J’ai les yeux tournés sur Rhodes, qui s’enfonce enfin dans la mer. — Je regrette cette belle île comme une apparition qu’on voudrait ranimer ; je m’y fixerais, si elle était moins séparée du monde vivant avec lequel la destinée et le devoir nous imposent la loi de vivre. Quelles délicieuses retraites aux flancs de hautes montagnes, et sur ces gradins ombragés de tous les arbres de l’Asie ! On m’y a montré une maison magnifique appartenant à l’ancien pacha, entourée de trois grands et riches jardins baignés de fontaines abondantes, ornés de kiosques ravissants. — On en demande 16,000 piastres de capital, c’est-à-dire quatre mille francs. Voilà du bonheur à bon marché !




28 août 1832.


La mer est belle, mais lourde ; point de vent ; d’immenses lames viennent de l’ouest rouler majestueusement sous notre poupe, et nous jettent, pendant trois jours et trois nuits,