Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/208

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corridor conduit à une cour intérieure pavée de marbre, et entourée de divans ou salons ouverts ; l’été, on jette une tente sur cette cour, et c’est là que se tiennent les Arabes pour recevoir les visites ; un jet d’eau coule et murmure au milieu de la cour ; quand il n’y a pas d’eau courante, il y a au moins un puits fermé dans un des angles. De cette cour, on passe dans plusieurs grandes pièces pavées aussi de mosaïques ou de dalles de marbre, et décorées, jusqu’à hauteur d’appui, ou de marbre sculpté en niches, en pilastres, en petites fontaines, ou de boiseries de cèdre jaune admirablement travaillé : la première partie de ces divans est plus basse d’une marche que la seconde moitié, et cette seconde moitié de l’appartement est défendue par une balustrade en bois élégamment sculptée. Les esclaves et les serviteurs se tiennent dans la première partie, debout, la tasse de café, le sorbet ou la pipe à la main ; les maîtres sont assis sur des tapis et appuyés sur des coussins, dans la seconde. En général, au fond de la pièce, on trouve un petit escalier de bois caché dans la boiserie, et qui conduit à une espèce de tribune haute qui occupe le fond de la chambre : cette tribune ouvre d’un côté sur la rue par de petites fenêtres en ogive garnies de grillages, et du côté de l’appartement elle est voilée aussi de grillages en bois, où les menuisiers du pays étalent tout l’art de leurs dessins et de leur travail. Ces tribunes sont très-étroites, et ne peuvent contenir qu’un divan recouvert de matelas et de coussins de soie : c’est là que les riches Turcs ou Arabes se retirent pour la nuit ; les autres se contentent de faire étendre des coussins par terre et y dorment tout habillés, et sans autre couverture que les lourdes et belles fourrures dont ils sont habituellement vêtus.