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princes ; et l’émir Joussef, hors d’état de résister, résolut d’abdiquer. Beschir avait du crédit ; Joussef l’aimait : il l’appela près de lui, et lui conseilla d’aller à Saint-Jean d’Acre demander l’anneau de commandement. Beschir refusa d’abord, et fit entendre à son oncle qu’il se verrait alors obligé de l’éloigner de ses États parce que le pacha l’exigerait, et que sa présence dans le Liban serait un éternel aliment pour les factions. Joussef, en proposant cette démarche à son parent, avait deux raisons : d’empêcher que le pouvoir ne sortît de sa famille ; et de conserver le commandement lorsque Beschir aurait aplani les difficultés, soit par conciliation, soit par la voie des armes.

Il insista donc ; et, sur la promesse qu’il fit de quitter le pays dès que l’émir Beschir aurait reçu le commandement, le jeune prince partit pour Saint-Jean d’Acre : Djezar-Pacha l’accueillit avec bonté, lui confia le commandement du Liban, et lui donna huit mille hommes pour asseoir son pouvoir et s’emparer de l’émir Joussef. Beschir, arrivé au pont de Gesser-Cadi, écrivit secrètement à son oncle, lui fit part des instructions qu’il avait reçues du pacha, et il l’engagea à se retirer. L’émir Joussef se replia sur Gibel, dans le Kosrouan, où il rassembla ses partisans. Beschir joignit à ses soldats ceux qu’il avait ramenés d’Acre, et marcha contre Joussef, qu’il rencontra dans le Kosrouan : il lui livra bataille et lui fit perdre beaucoup de monde ; cependant plusieurs mois s’écoulèrent sans résultats définitifs.

Pour terminer ce différend, Joussef envoya à Saint-Jean d’Acre un exprès qui promit au pacha un tribut plus fort que celui que payait Beschir, s’il voulait lui rendre le com-