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treprise que nous avions souvent rêvée ensemble, elle me la fera pardonner là-haut en faveur des motifs, qui sont : Amour, Poésie et Religion. »




Même jour, le soir.


La politique revient nous assaillir jusqu’ici : la France est belle à voir dans un prochain avenir ; une génération grandit, qui aura, par la vertu de son âge, un détachement complet de nos rancunes et de nos récriminations de quarante ans. Peu lui importe qu’on ait appartenu à telle ou telle dénomination haineuse de nos vieux partis ; elle ne fut pour rien dans les querelles ; elle n’a ni préjugés ni vengeances dans l’esprit. Elle se présente pure et pleine de force à l’entrée d’une nouvelle carrière, avec l’enthousiasme d’une idée ; mais cette carrière, nous la remplissons encore de nos haines, de nos passions, de nos vieilles disputes. Faisons-lui place. Que j’aurais aimé à y entrer en son nom ; à mêler ma voix à la sienne à cette tribune qui ne retentit encore que de redites sans écho dans l’avenir, où l’on se bat avec des noms d’hommes ! L’heure serait venue d’allumer le phare de la raison et de la morale sur nos tempêtes politiques, de formuler le nouveau symbole social que le monde commence à pressentir et à comprendre : le symbole d’amour et de charité entre les hommes, la politique évangélique ! Je