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et nous conduisent au port réservé sous les hautes fortifications de la cité Valette. — Le consul de France, M. Miége ; informe le gouverneur, sir Frederick Ponsonby, de notre arrivée ; il rassemble le conseil de santé, et réduit notre quarantaine à trois jours.

Nous obtenons la faveur de monter une barque, et de nous promener le soir le long des canaux qui prolongent le port de quarantaine. — C’est un dimanche. — Le soleil brûlant du jour s’est couché au fond d’une anse paisible et étroite du golfe qui est derrière la proue de notre navire ; la mer est là, plane et brillante, légèrement plombée, absolument semblable à de l’étain fraîchement étamé. — Le ciel au-dessus est d’une teinte orange, légèrement rosée. — Il se décolore à mesure qu’il s’élève sur nos têtes et s’éloigne de l’occident ; à l’orient, il est d’un bleu gris et pâle, et ne rappelle plus l’azur éclatant du golfe de Naples, — ou même la profondeur noire du firmament au-dessus des Alpes de la Savoie. — La teinte du ciel africain participe de la brûlante atmosphère et de l’âpre sévérité de ce continent ; la réverbération de ces montagnes nues frappe le firmament de sécheresse et de chaleur, et la poussière enflammée de ces déserts de sable aride semble se mêler à l’air qui l’enveloppe, et ternir la voûte de cette terre. — Nos rameurs nous mènent lentement à quelques toises du rivage. — Le rivage bas et uni d’une grève qui vient mourir à quelques pouces au-dessus de la mer, est couvert, pendant un demi-mille, d’une rangée de maisons qui se touchent les unes les autres, et semblent s’être approchées le plus près possible du flot, pour en respirer la fraîcheur et pour en écouter le murmure. Voici une de ces maisons et une des scènes que nous voyons