Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/109

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il descendra de ses montagnes, fondera des villes de commerce aux bords de la mer, cultivera les plaines fertiles qui ne sont plus aujourd’hui qu’aux chacals et aux gazelles, et établira une domination nouvelle dans ces contrées où les vieilles dominations expirent. Si dès aujourd’hui un homme de tête s’élevait parmi eux, soit des rangs du clergé tout-puissant, soit du sein d’une de ces familles d’émirs ou de scheiks qu’ils vénèrent ; s’il comprenait l’avenir, et faisait alliance avec une des puissances de l’Europe, il renouvellerait facilement les merveilles de Méhémet-Ali, pacha d’Égypte, et laisserait après lui le véritable germe d’un empire d’Arabie. L’Europe est intéressée à ce que ce vœu se réalise : c’est une colonie toute faite qu’elle aurait sur ses beaux rivages ; et la Syrie, en se repeuplant d’une nation chrétienne industrieuse, enrichirait la Méditerranée d’un commerce qui languit, ouvrirait la route des Indes, refoulerait les tribus nomades et barbares du désert, et raviverait l’Orient : il y a plus d’avenir là qu’en Égypte. L’Égypte n’a qu’un homme ; le Liban a un peuple.