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repoussé les Turcs, et conservé intactes les provinces conquises par son père. Il lui remet le commandement. L’émir, corrompu par les arts et les délices de Florence, oublie qu’il règne à condition d’inspirer le respect et la terreur à ses ennemis. Il bâtit à Bayruth des palais magnifiques, et ornés, comme les palais d’Italie, de statues et de peintures qui blessent les préjugés des Orientaux. Ses sujets s’aigrissent ; le sultan Amurath IV s’irrite, et envoie de nouveau le pacha de Damas avec une puissante armée contre Fakar-el-Din. Pendant que le pacha descend du Liban, une flotte turque bloque le port de Bayruth. Ali, fils aîné de l’émir et gouverneur de Saphadt, est tué en combattant l’armée du pacha de Damas. Fakar-el-Din envoie son second fils implorer la paix à bord du vaisseau amiral. L’amiral retient cet enfant prisonnier, et se refuse à toute négociation. L’émir consterné s’enfuit, et se renferme, avec un petit nombre d’amis dévoués, dans l’inaccessible rocher de Nilka. Les Turcs, après l’avoir vainement assiégé pendant une année entière, se retirent. Fakar-el-Din est libre, et reprend le chemin de sa montagne : mais, trahi par quelques-uns des compagnons de sa fortune, il est livré aux Turcs et conduit à Constantinople. Prosterné aux pieds d’Amurath, ce prince lui témoigne d’abord de la générosité et de la bienveillance. Il lui donne un palais et des esclaves ; mais peu de temps après, sur des soupçons d’Amurath, le brave et infortuné Fakar-el-Din est étranglé. Les Turcs, qui se contentent, dans leur politique, d’écarter du pied l’ennemi qui leur fait ombrage, mais qui respectent du reste les habitudes des peuples et les légitimités traditionnelles des familles, laissèrent régner la postérité de Fakar-el-Din : il n’y a qu’une centaine d’an-