Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/173

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Nous avions en face, du côté du midi, un autre temple placé sur le bord de la plate-forme, à environ quarante pas de nous ; c’est le monument le plus entier et le plus magnifique de Balbek, et j’oserai dire du monde entier : si vous redressiez une ou deux colonnes du péristyle, roulées sur le flanc de la plate-forme, et la tête encore appuyée sur les murs intacts du temple ; si vous remettiez à leur place quelques-uns des caissons énormes qui sont tombés du toit dans le vestibule ; si vous releviez un ou deux blocs sculptés de la porte intérieure, et que l’autel, recomposé avec les débris qui jonchent le parvis, reprît sa forme et sa place, vous pourriez rappeler les dieux et ramener les prêtres et le peuple ; ils reconnaîtraient leur temple aussi complet, aussi intact, aussi brillant du poli des pierres et de l’éclat de la lumière, que le jour où il sortit des mains de l’architecte. Ce temple a des proportions inférieures à celui que rappellent les six colonnes colossales ; il est entouré d’un portique soutenu par des colonnes d’ordre corinthien ; chacune de ces colonnes a environ cinq pieds de diamètre et quarante-cinq pieds de fût ; les colonnes sont composées chacune de trois blocs superposés ; elles sont à neuf pieds l’une de l’autre, et à la même distance du mur intérieur du temple ; sur les chapiteaux des colonnes s’étend une riche architrave et une corniche admirablement sculptée. Le toit de ce péristyle est formé de larges blocs de pierre concaves, découpés avec le ciseau, en caissons, dont chacun représente la figure d’un dieu, d’une déesse ou d’un héros : nous reconnûmes un Ganymède enlevé par l’aigle de Jupiter. Quelques-uns de ces blocs sont tombés à terre au pied des colonnes ; nous les mesurâmes ; ils ont seize pieds de largeur et cinq pieds à peu près d’épaisseur : ce sont là les tuiles de ces