Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/18

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que ma langue lui fût une langue étrangère. Doux et caressant pour moi, et accoutumé aux soins de mes Arabes, il marchait paisible et sage à son rang dans la caravane, tant que nous ne rencontrions que des Turcs, des Arabes vêtus à la turque, ou des Syriens ; mais s’il venait, même un an après, à apercevoir un Bédouin monté sur un cheval du désert, il devenait tout à coup un autre animal : son œil s’allumait, son cou se gonflait, sa queue s’élevait et battait ses flancs comme un fouet ; il se dressait sur ses jarrets, et marchait ainsi longtemps sous le poids de sa selle et de son cavalier : il ne hennissait pas, mais il jetait un cri belliqueux comme celui d’une trompette d’airain, un cri tel que tous les chevaux en étaient effrayés, et s’arrêtaient, en dressant les oreilles, pour l’écouter.




Même date.


Après cinq heures de marche, pendant lesquelles le fleuve semblait toujours s’éloigner de nous, nous arrivâmes au dernier plateau, au pied duquel il devait couler ; mais bien que nous n’en fussions plus qu’à deux ou trois cents pas, nous n’apercevions toujours que la plaine et le désert devant nous, et aucune trace de vallée ni de fleuve. C’est,