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fange règnent presque partout autour des portes. Nous sommes entrés cependant dans quelques-unes de ces maisons des principaux négociants arméniens, et j’ai été frappé de la richesse et de l’élégance de ces habitations à l’intérieur. Après avoir passé la porte et franchi un corridor obscur, on se trouve dans une cour ornée de superbes fontaines jaillissantes en marbre, et ombragées d’un ou de deux sycomores, ou de saules de Perse. Cette cour est pavée en larges dalles de pierre polie ou de marbre ; des vignes tapissent les murs. Ces murs sont revêtus de marbre blanc et noir ; cinq ou six portes, dont les montants sont de marbre aussi, et sculptées en arabesques, introduisent dans autant de salles ou de salons où se tiennent les hommes et les femmes de la famille. Ces salons sont vastes et voûtés. Ils sont percés d’un grand nombre de petites fenêtres très-élevées, pour laisser sans cesse jouer librement l’air extérieur. Presque tous sont composés de deux plans : un premier plan inférieur, où se tiennent les serviteurs et les esclaves ; un second plan élevé de quelques marches, et séparé du premier par une balustrade en marbre ou en bois de cèdre merveilleusement découpée. En général, une ou deux fontaines en jets d’eau murmurent dans le milieu ou dans les angles du salon. Les bords sont garnis de vases de fleurs ; des hirondelles ou des colombes privées viennent librement y boire, et se poser sur les bords des bassins. Les parois de la pièce sont en marbre jusqu’à une certaine hauteur. Plus haut, elles sont revêtues de stuc et peintes en arabesques de mille couleurs, et souvent avec des moulures d’or extrêmement chargées. L’ameublement consiste en de magnifiques tapis de Perse ou de Bagdhad qui couvrent partout le plancher de marbre ou de cèdre, et en une grande quantité