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et arrivait avec l’arrière-garde de la caravane qu’on attendait encore. Il versait des larmes de joie. Nous pleurions nous-mêmes, et à cause de lui, et à cause des tristes retours que nous faisions sur nos propres malheurs. Ces larmes, versées ensemble par des yeux qui ne devaient jamais se rencontrer, au foyer commun d’un ami, au milieu d’une ville où nous ne faisions tous que passer ; ces larmes unissaient nos cœurs, et nous aimions comme des amis ces hommes dont les noms même ne sont pas restés dans nos mémoires.




Même date.


Orage terrible pendant la nuit. Le pavillon élevé et percé de fenêtres nombreuses sans vitres, où nous couchions, tremblait comme un vaisseau sous la rafale. La pluie a fondu, en peu d’instants, le toit de boue qui recouvre la terrasse du pavillon, et a inondé le plancher. Heureusement nos matelas étaient sur des planches élevées par des caisses de Damas ; les couvertures nous ont garantis ; mais, le matin, nos habits flottaient dans la chambre. Les orages pareils sont fréquents à Damas, et entraînent souvent les maisons dont les fondations ne sont pas en marbre. Le climat est froid et humide pendant les mois d’hiver. Des neiges abondantes tombent des montagnes. Cet hiver, la moitié des