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que j’ai reçue hier, sans mon vieux père dont le souvenir me rappelle sans cesse en France, si j’avais un exil à choisir dans le monde pour y achever mes jours fatigués dans le sein de la solitude et d’une nature enchantée, je resterais où je suis.




13 avril 1833.


Parti ce matin à quatre heures avec la même caravane que j’avais formée pour Damas ; longé le rivage de la mer jusqu’au cap Batroun, — lieux déjà décrits ailleurs ; — couché à Djebaïl dans un kan hors de la ville, sur une éminence dominant la mer. La ville n’est remarquable que par une mosquée d’architecture chrétienne, et qui fut autrefois une église bâtie vraisemblablement par les comtes de Tripoli. On croit que Djebaïl est l’ancienne contrée des Giblites, qui fournissaient au roi Hiram les blocs de pierre destinés à la construction du temple par Salomon. Le père d’Adonis avait là son palais, et le culte du fils était le culte de toute la Syrie environnante. À gauche de la ville, est un château très-remarquable par l’élégance et l’élévation de ses différents plans de fortification : nous descendîmes dans la ville pour voir le petit port, où se balançaient quelques barques arabes ; elle est habitée presque exclusivement par les Maronites.