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vaient. Un cheval, en Arabie, c’est la fortune d’un homme ; cela suppose tout, cela tient lieu de tout : ils prenaient une haute idée d’un Franc qui possédait tant de chevaux, aussi beaux que ceux de leur scheik et que les chevaux du pacha.

Nous revenons à Jérusalem par cette même vallée que nous avons traversée de nuit en arrivant. Avant d’entrer dans la première gorge des montagnes, sur un beau et large plateau qui domine la plaine, nous voyons des traces évidentes d’antiques constructions, et nous supposons que c’est là le véritable emplacement de l’ancienne Jéricho. Il a fallu de grands progrès de civilisation pour bâtir les villes dans les plaines. On ne se trompe jamais en cherchant les villes antiques sur les hauteurs.

C’est dans cette gorge que la parabole touchante du Samaritain place la scène du meurtre et de la charité. Il paraît que, dès le temps de l’Évangile, ces vallées étaient en mauvaise renommée.

Journée fatigante par la monotonie de quatorze heures de route, et par l’excessive ardeur du soleil réverbéré par les flancs escarpés des vallées ; nous ne rencontrons personne, dans ces quatorze heures, qu’un berger arabe qui paissait un innombrable troupeau de chèvres noires sur la croupe d’une colline.