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Le chapelain parut lui-même enchanté de ces vers, et chantait les refrains du barde en riant et en vidant son verre ; le prince nous proposa le spectacle d’une chasse au faucon, divertissement habituel de tous les princes et scheiks de Syrie. C’est de là que les croisés rapportèrent cet usage en Europe.




9 novembre 1832.


Le climat, à l’exception de quelques coups de vent sur la mer et de quelques orages de pluie vers le milieu du jour, est aussi beau qu’au mois de mai en France. Aussitôt que les pluies ont commencé, c’est un printemps nouveau qui commence ; les murailles des terrasses qui soutiennent les pentes cultivées du Liban et les collines fertiles des environs de Bayruth se sont tellement couvertes de végétation en peu de jours, que la terre est entièrement cachée sous la mousse, l’herbe, les lianes et les fleurs ; l’orge verte tapisse tous les champs, qui n’étaient que poussière à notre arrivée ; les mûriers, qui poussent leurs secondes feuilles, forment, tout autour des maisons, des forêts impénétrables au soleil ; on aperçoit, çà et là, les toits des maisons disséminées dans la plaine, qui sortent de cet océan de verdure, et les femmes grecques et syriennes dans leur riche et éclatant costume, semblables à des reines qui prennent l’air sur