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geur meurt, ou revient avec un trésor de pensées et de sagesse. L’homme casanier de nos capitales vieillit sans connaître et sans voir, et meurt aussi entravé, aussi emmailloté d’idées fausses, que le jour où il est venu au monde. « Je voudrais, disais-je à mon drogman, passer ces montagnes, descendre dans le grand désert de Syrie, aborder quelques-unes de ces grandes tribus inconnues qui le sillonnent, y recevoir l’hospitalité pendant des mois, passer à d’autres, étudier les ressemblances et les différences, les suivre des jardins de Damas aux bords de l’Euphrate, aux confins de la Perse, lever le voile qui couvre encore toute cette civilisation du désert, civilisation d’où la chevalerie nous est née, et où l’on doit la retrouver encore : mais le temps nous presse, nous ne verrons que les bords de cet océan dont personne n’a parcouru l’étendue. Nul voyageur n’a pénétré parmi ces tribus innombrables qui couvrent de leurs tentes et de leurs troupeaux les champs des patriarches : un seul homme l’a tenté, mais il n’est plus, et les notes qu’il avait pu recueillir pendant dix ans de séjour parmi ces peuples ont été perdues avec lui. » Je voulais parler de M. de Lascaris ; or, voici ce que c’est que M. de Lascaris.

Né en Piémont, d’une de ces familles grecques ve-